Comme je l'expliquais dans le post précédent, la vie du pêcheur est liée aux marées. Surtout à Port en Bessin où le port est fermé par des portes écluses qui ne sont ouvertes que 2 fois par 24H à la pleine mer. Ce samedi 26/04, les portes fermaient à 3H59, j'avais donc donné pour ordre de "descendre" au bateau à 3H45. En arrivant à 3H40, sur le quai se tenait un de mes soldats, l'air bizarre, l'oeil hagard. Quel évènement avait bien pu le mettre dans cet état. Je me gare, descend tranquillement de la voiture pour rejoindre le bateau. L'info tombe comme un couperet, les portes écluses sont déjà fermées. Je m'étais pourtant garé juste devant à 2 m mais je n'avais pas fait attention. Le Sauvage n'a pas ni de jambe, ni de roues, il ne peut donc sortir qu'en empruntant l'étroit goulet.
Mince, me suis-je tromper d'heure ? Non. L'éclusier se serait-il tromper ? Non. Le niveau d'eau très haut dans le bassin sur une marée de "remor" me laisse penser que personne n'est venu cette nuit ouvrir les portes écluses ! Coup de téléphone un peu partout sans succès, pas de n° d'urgence.



Bref la merde ! 30 000€ de filets tendus en mer la veille au soir à relever et pas moyen de sortir. Je récupère le téléphone d'un éclusier qui comprend rien dans un 1er temps et me dit qu'il est en vacances. "J'arrive" 10 mn après la bonhomme est là et ne peut que constater, un 2ème arrive en renfort. "On va t'ouvrir" Mais pas moyen, le niveau à l'extérieur est déjà descendu d'un bon mètre, il faut remettre le bassin à niveau et la mer baisse plus vite que le niveau ne descend. On remet donc ça au lendemain matin où je trouverai les portes cette fois ouvertes...
L'affaire a fait du bruit dans le pays. Mais, personne, au Conseil Général ou à l'Agence Routière Départemental de Bayeux gestionnaire des portes, n'a pris son téléphone pour me demander quelques explications. Je m'occuperai de ces administratifs à la grande marée !



Retour à la maison légèrement agacé, petit déjeuner avec M. mon chat Ulysse et son petit copain Crunch le chaton siamois et au lit pour une grasse matinée
Comme il faisait un temps superbe, on a sorti le mobilier de jardin et le barbecue. Un petit tour au marché pour récupérer 3 belles entrecôtes et de la grenaille. Pas de la grenaille pour mettre dans le pierrier, ce petit canon très maniable disposé sur le pont des bateaux pour canonner pendant l'abordage de clous, cailloux et petit boulets l'adversaire ou la casemate d'éclusiers récalcitrants...De la grenaille de pomme de terre.
Pendant qu'on fait la braise, la solution la plus simple consiste à cuire à la vapeur dans la cocotte mn ces petites patates, comptez 6 mn. Après il suffira de les faire dorer à la poêle avec un peu de beurre et des herbes aromatiques, on finira par le poivre Dumoulin et le sel Deguérande. Et puisque c'était un jour chômé, j'eus droit au vin. Le Faugères 2004 de base de chez l'ami Barral s'avéra un très bon copain pour cette viande bien goutue et grillée à souhait tout en conservant l'intérieur bien sanguinolant. De quoi oublier momentanément les déboires du matin...