Dans le dernier numéro de Saveurs, les praires sont à l'honneur. Les praires de Granville où une bonne douzaine de bateaux travaillent sur ce beau coquillage, oublié, méconnu et trop souvent hors de prix en poissonnerie ce qui est injustifié puisque l'on constate encore des invendus en criée, à certaines périodes. A l'honneur aussi mon bassier fétiche, Dominique, plus qu'un simple pêcheur à pied, un puriste, amateur du beau geste, observateur inconditionnel, notant tout dans son petit carnet, son journal intime, plus qu'un homme, une légende sur ces roches ingrates de l'Ouest Cotentin. Le reportage nous le montre en pleine action, mais vous l'avez remarqué sans repère visuel, sans point GPS, tout ceci est confidentiel. On sent, aux traits burinés, les heures passées à arpenter ces cailloux dans l'espoir de trouver dans une nouvelle faille, un congre énorme, un homard, peut-être deux...Non je ne dévoilerai rien des coulisses du reportage. Je sais tenir ma langue...Pour garder le secret, évidemment, je me laisse séduire par quelques praires.

A Granville, au Festival des Coquillage on les aime crues.


Recette pour un petit plaisir en tête à tête, une grosse poignée de praires bien rincées, beurre, persil échalote, une gousse d'ail sans germe, une lichette de vin blanc et même pas de crème...
Plonger les praires dans une casserole d'eau bouillante , laisser 15 s, sortir, rafraichir, décortiquer, en laissant le coquillage entier.
Emincer finement l'échalote et l'ail, les faire suer doucement 5mn sans coloration dans le beurre. Pendant ce temps ciseler le persil au couteau.
Y jeter les praires, monter le feu, faire sauter vivement juste 1 mn, ajouter une giclée de vin blanc, le persil, mélanger.
J'ai ajouté une noisette de beurre de chicoutai, un truc au gout bizarre, un peu comme du miel qui sent vraiment pas bon... ramené du Québec, juste pour le fun et parce que le chef des Premières Nations venu en France, cet hiver, m'avait garanti que c'était parfait sur les fruits de mer.
Savourez bien chaud, à la petite cuillère avec une tranche de pain frais et un joli vin ! Le vin de table rosé moelleux de Loire Salamandre 2004 du Domaine de Bellivière d'Eric Nicolas fut au gout de Madame. Pineau d'Aunis, très vieilles vignes au rendement très faible, cultivées (labourages, grattages ...) à l'exception des vignes très âgées (plus de 80 ans) afin de ne pas trop chahuter ces vieilles souches vénérables. Pas d'herbicides. Vendangé entièrement à la main pour éventuellement trier et respecter une vendange entière, amenée en petites caissettes de 30 kilos au chai de vinification. Le vigneron nous dit : "Pour la dixième récolte, les conditions ont été favorables en novembre pour ramasser des Pineau d'Aunis passerillés. Les cuvées de rosés demi-sec et moelleux, Giroflées et Salamandre, sont donc de retour. Le dernier millésime de leur apparition 2001 avait connu un vif succès ! Nous nous retrouvons sur les mêmes intonations aromatiques et de texture confite." le caviste lui n'hésite pas un instant : " Le mariage du sucre et des épices est franchement détonnant et devrait ravir les amateurs de sensations exotiques. "
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