Disons-le sans détour, le décor intérieur ne vaut pas le grandiose panorama extérieur. Mais la Malle n'est pas un 3*, alors on est dans la simplicité, dans le fait maison. Le contraste entre les vieilles pierres ancestrales manchotes et le bambou est amusant. Dérrière son comptoir, dans une sorte de ring le chef s'amuse, bandana vissé sur la tête, mi cuistot, mi pirate, il s'amuse à regarder ses clients et à cuisiner. On le sent, il aime travailler dans la précipitation. Ici on flambe à grand coup de rhum, on grille, on saute au wok, ça grésille, ça crépite, ça craquete, ça embaube et parfume toute la salle. Et cette cuisine où tout est préparé à l'avance, où les cuissons sont courtes, les assiettes vites dréssées lui convient bien. A la Malle, le chef fait son show. Des petites mains préparent tout à l'abri des regards, pour les cuissons des poissons et l'assemblage devant vous, c'est Christophe. Aussitot après, une escouade de jeunes filles vient vous servir.



Par gourmandise en entrée, je me suis laissé tenter par un tataki, "magret" de thon rouge au poivre de sechouan juste saisi et présenté émincé . Chaud dehors, froid dedans, avec une sauce miel et tamarin...J'ai un doute, je sais plus, quelques feuilles de chêne, oignon rouges et pousses de soja, très bon. On a pris l'assiette découverte, en 2 services, histoires de goûter à tout. 15 € pour 6 petits plats au poisson, que l'on vous énumère avec l'ardoise en main. Ici règnent en maitre le gingembre, le curry et le piment. Peut-etre manque-t-il un peu d'herbes fraiches, coriande, galangal, sansho, citronnelle,cives, aka-shiso et autres ao-shiso...C'est là juste une suggestion ;-)



La 1ère assiette est composée d'un beignet de cabillaud en tempura avec une dip sauce pimentée, d'un nem de poisson avec une sauce crémeuse et d'une petite salade de chou chinois. En voyant le chef travailler, on a envie de passer de l'autre côté du comptoir, pour donner un coup de main, pour faire un plat, un plat à 4 mains avec des filets de tombe fraichement débarqués ou une "chôdière" de belles coquilles avec une poignée de cives à faire sauter avec un peu de saké...Dommage que le bout du monde soit si loin de Port en Bessin, j'y serai bien passé cet hiver, embêter un peu le patron ;o)) La carte des vins est simple, j'y ai pris un Languedoc blanc de négociant Le Plo Dalia, qui présente l'énorme avantage d'etre proposé en 50 cl ce qui permet de rester en bonne relation avec la maréchaussée.



Au 2éme service, on déguste un petit filet de rouget barbet juste poelé avec une effilochade d'endives, un "barreau" de saumon avec une purée lisse et épicée et 2 crevettes au curry, chou-fleur et brocoli. Les cuissons sont bien faites. Evidemment je reste très sensible au poisson d'élevage, j'aurais préféré un bar de ligne de la Pointe de Barfleur ou un filet de vra (vieille), comme disent les saint-vaastais, des laminaires de Cosqueville...Disons un beau morceau de poisson de chez nous ! Surtout qu'il y a à faire avec les grondins, plies, congres, raies et autres espèces délaissées en été et par toutes les "grandes tables". Pour le dessert Mme s'est laissée, comme souvent, aller au chocolat. J'ai pris une mangue flambée au rhum de nos colonies...Et encore un coup de grisou dans la paillote d'Auderville !
Voilà donc une très bonne cantine, où en toute décontraction, on passe un bon moment. Merci. Sa carte ici.